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Agriculture et alimentation

La question alimentaire est intrinsèquement liée à celles des animaux, de l’environnement et de notre santé. Ces questions sont aujourd’hui parmi les principales préoccupations des consommateurs français. La demande en produits de qualité contrôlée, respectueux de l’environnement et des animaux existe, mais la concurrence va parfois à l’encontre de cette demande et ne permet pas aux producteurs d’adopter des normes plus exigeantes sans augmenter les prix. Il serait dans l’intérêt des consommateurs, des producteurs et de l’environnement de favoriser les productions locales. Celles-ci seraient plus vertueuses, et permettraient également aux consommateurs de reprendre confiance dans ce qu’ils mangent. C’est là tout l’objet des mesures qui suivent.

Pour l’indépendance agricole de la France

Aujourd’hui, la France et l’Europe dépendent de l’importation de soja pour les élevages de bovins, volailles et poissons. Pour mettre un terme à la déforestation importée que dénonce le CESE,[1] il est nécessaire de relocaliser les productions, et donc de réduire la part de production animale sur notre sol pour pouvoir cultiver des légumineuses.

Outre le fait que cela puisse mettre un terme à la déforestation importée liée à l’alimentation, et réduire l’empreinte environnementale due à l’élevage, le développement de protéines végétales produites en France présenterait des avantages environnementaux et agronomiques certains. Les légumineuses peuvent être intégrées dans des rotations de cultures et contribueraient ainsi à fixer l’azote de l’air pour fertiliser les sols – les sols seraient préservés et l’utilisation d’engrais réduite. Par ailleurs, elles sont des alternatives aux produits carnés intéressantes d’un point de vue nutritionnel, car riches en protéines et en fer entre autres. Elles sont peu gourmandes en eau, et émettent peu de gaz à effet de serre – 100 fois moins que du bœuf.[2] La filière des protéines végétales aurait aussi comme débouché l’alimentation humaine, permettant de compenser la baisse des protéines animales. Cela permettrait également de créer de l’emploi dans le maraîchage et d’améliorer l’autonomie alimentaire française et européenne.

Pour l’Association Végétarienne de France (AVF), il faudrait donc viser 100 % d’autonomie en protéines végétales pour l’alimentation animale et humaine d’ici 2030 en augmentant les moyens alloués par le ministère de l’Agriculture dans le cadre du plan de protéines végétales déjà existant et en demandant à la PAC d’augmenter ses aides couplées à la production de légumineuses et cesser de coupler les aides à la production animale.

À ce propos, les Sénateurs Françoise Cartron et Jean-Luc Fichet proposent dans leur rapport sur l’alimentation durable, de réorienter les aides de la politique agricole commune (PAC) pour rémunérer les services agrosystémiques rendus par les légumineuses.[3] Les aides européennes pourraient ainsi favoriser la diversification des cultures et l’allongement des rotations, reconnecter géographiquement les productions animales et végétales, et être allouées en fonction d’un travail agricole plus important et non de surfaces cultivées.

[1] CESE (2020). Avis du Conseil économique, social et environnemental. Le CESE appelle l’Union européenne à accélérer la lutte contre la déforestation importée. Communiqué de presse, 27 mai 2020 [pdf]

[2] Bryngelsson, D., Wirsenius, S., Hedenus, F., Sonesson, U. (2016). How can the EU climate targets be met? A combined analysis of technological and demand-side changes in food and agriculture. Food Policy, Volume 59, February 2016, Pages 152-164. Science Direct [en ligne]

[3] Françoise Cartron et Jean-Luc Fichet (2020). Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France, Synthèse du rapport. Sénat.fr [en ligne]

Cette proposition vise à soutenir notre production agricole nationale et européenne, tout en nous garantissant que ce que nous mangeons soit produit dans le respect de normes sanitaires, écologiques et de bien-être animal élevées (voir proposition suivante).

Les producteurs français et européens souffrent aujourd’hui de la concurrence du marché favorisant des produits moins chers, ayant parfois une empreinte carbone plus élevée, car venant de loin, et produits dans des conditions que nous ne sommes pas en mesure de contrôler.

Favoriser une production plus locale, c’est soutenir les producteurs locaux. Qui plus est, une économie locale forte nous donnerait les moyens d’être plus exigeants dans certains domaines, comme la bio-sécurité et le bien-être animal.

Cette mesure implique donc de taxer les produits non-européens qui ne partagent pas des normes de production aussi élevées que les nôtres, afin que la concurrence soit toujours favorable aux produits locaux.

Pour sortir de l’élevage intensif

En France, l’écrasante majorité des animaux sont élevés en système intensif, à l’exception relative des filières bovines. Un plan de sortie de l’élevage intensif doit être mis en œuvre et une réforme de la PAC en ce sens est nécessaire. Les mutilations – caudectomie, castration à vif, limage des dents, épointage, écornage – et le claquage des porcelets doivent être interdits. L’élevage en cage des poules pondeuses doit être interdit à moyen terme. Les citoyens sont 90 % à rejeter ce mode d’élevage[1] et une telle mesure permettra de consolider les engagements des principales industries agro-alimentaires et de s’aligner sur certains voisins européens tels que l’Autriche ou l’Allemagne.

De même, un moratoire sur l’élevage en cage des lapins – qui concerne 99% de la production française – doit être mis en œuvre dès maintenant. La France, pourtant 3ème pays producteur européen de lapins élevés pour leur viande, ne possède aucune législation spécifique en matière de bien-être des lapins, au contraire d’autres pays européens, comme la Belgique, qui interdit désormais l’usage des cages, mais également l’Allemagne, l’Autriche ou encore les Pays-Bas, qui disposent de réglementations définissant des standards minimums de protection des lapins. En 2017, les eurodéputés ont fait le constat que les conditions actuelles d’élevage des lapins dans l’UE ne respectaient pas les exigences de protection des animaux. Ils ont ainsi voté une résolution appelant les États membres à « encourager les éleveurs de lapins à éliminer les cages pour les remplacer par des alternatives plus saines qui soient économiquement viables, comme l’élevage en parcs ».[2]

A terme, la France et l’Union européenne doivent se donner pour objectif la fin de tout élevage sans accès à l’extérieur.

[1] YouGov-L214 (2018). Élevage de Poules en Cage. [pdf en ligne]

[2]  Parlement européen (2017). Rapport sur des normes minimales relatives à la protection des lapins d’élevage. [en ligne]

Les élevages d’animaux destinés exclusivement à la production de fourrure, ne correspondant plus aux attentes des citoyens en termes éthiques et environnementaux, doivent être interdits, comme dans nombre de pays européens. Il s’agit de mettre un terme aux élevages de visons qui n’ont aucune raison d’être au niveau alimentaire. Il existe à ce jour quatre exploitations en activité en France, toutes intensives.

Les visons sont des animaux sauvages, semi-aquatiques, ayant besoin d’évoluer près d’un cours d’eau. Ainsi, leurs besoins physiologiques les plus élémentaires ne sont pas respectés dans les élevages.

Pour un modèle agricole plus écologique

La PAC devrait réformer son premier pilier pour encourager les productions plus écologiques et résilientes et la France devrait et pourrait proposer une vision de long terme pour ses agriculteurs.

Selon l’AVF, la PAC doit notamment proportionner ses aides, non plus à l’hectare, mais à la main d’œuvre. Aujourd’hui, la situation économique des agriculteurs est catastrophique[1][2]; par ailleurs, l’agriculture telle qu’elle est pratiquée majoritairement est extrêmement dommageable pour la planète – c’est la première cause d’effondrement de la biodiversité[3] -, et absolument incompatible avec les objectifs fixés par les Accords de Paris. À titre d’exemple, la consommation de viande est responsable de 36 %[4] de l’empreinte eau et d’une grande partie de la pollution des nappes phréatiques en France. Il est donc urgent, dans le cadre du plan de relance post-crise sanitaire, de proposer une alternative agricole durable.

En incitant les jeunes agriculteurs à se reconvertir dans la production de légumes frais, légumineuses, algues, et en subventionnant ces produits, l’État créerait des emplois locaux mieux rémunérés et améliorerait grandement la résilience des sols français. En effet, l’agriculture bio et le maraîchage nécessitent plus de main d’œuvre et sont plus rentables que le conventionnel, car ils nécessitent moins d’intrants.

[1] Insee (2019). Pauvreté selon la catégorie socioprofessionnelle et le seuil. Données annuelles de 1996 à 2017. [en ligne]

[2] France Stratégie (2019). Rapport : Faire de la politique agricole commune un levier de la transition agroécologique. [pdf en ligne]

[3] Ipbes. Communiqué de presse: Le dangereux déclin de la nature : Un taux d’extinction des espèces « sans précédent » et qui s’accélère. [en ligne]

[4] WWF (2012). L’empreinte eau de la France. [pdf en ligne]

Le taux d’endettement moyen des éleveurs – 78 % en 2018 pour l’élevage porcin[1] -, causé par des primes à l’agrandissement et à la modernisation, les empêche de sortir d’un modèle productiviste qui les étrangle, et est en grande partie responsable du nombre de suicides particulièrement élevé chez les agriculteurs – un tous les deux jours en France.

L’AVF estime que dans le cadre de la transition agroécologique, la PAC, de concert avec les États membres de l’UE, pourrait réorienter ses subventions en créant notamment un fonds pour rembourser une grande partie des dettes des éleveurs souhaitant se reconvertir dans des productions végétales.

De même, toutes les subventions françaises et européennes ainsi que les modalités de prêts bancaires doivent être examinées et réorientées en ce sens, afin de cesser les incitations à l’agrandissement et à l’industrialisation de l’élevage.

[1] Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (2020). Commission des comptes de l’agriculture de la Nation. Session du 10 janvier 2020. [pdf en ligne]

L’AVF propose d’instaurer des prix plus justes et reflétant mieux à la fois la quantité de main d’œuvre nécessaire et l’empreinte environnementale[1] des produits.

Cela implique d’appliquer des taxes différenciées selon les produits alimentaires afin de rendre moins attractifs les aliments ayant un coût écologique important – notamment les produits carnés – et plus attractifs ceux ayant un coût écologique moindre – légumineuses, fruits et légumes. Les produits carnés peuvent par exemple être retirés des produits de première nécessité bénéficiant d’une réduction de TVA, étant donné leurs impacts écologiques et sanitaires négatifs.

Ces taxes permettraient à la fois de diminuer l’empreinte environnementale de l’alimentation, mais aussi d’aboutir à des régimes alimentaires plus équilibrés et plus proches des recommandations nutritionnelles[2]. Les recettes de ces taxes permettraient de rendre plus abordables les fruits et légumes et les oléagineux – souvent onéreux – et de mieux rémunérer les salariés des abattoirs et les agriculteurs.

La stratégie Farm to Fork présentée par la Commission européenne prévoit d’ailleurs cette taxe écologique alimentaire. Des estimations avancent que la réduction de CO2 permise en Europe par cette taxe serait de 3 %, et que les recettes seraient de 32 milliards d’euros par an, dont 15 milliards d’euros de surplus à verser aux agriculteurs. Les Pays-Bas sont en train d’étudier la mesure et ont calculé qu’un régime alimentaire avec moins de viande et plus de légumes permettrait d’ici 2025 de réduire le nombre de diabétiques de 7,6 %, le nombre d’AVC de 2,7 % et le nombre de cancers du côlon de 2,9 %.[3]

[1] Nature (2020). The true cost of food. Nat Food 1, 185. [en ligne]

[2] Commission EAT-Lancet (2019). Une alimentation saine issue de production durable. [pdf en ligne]

[3] True Animal Protein Price Coalition (2020). Dutch government proposal for ‘true pricing’ meat presented to Dutch Parliament. [en ligne]

Alors que l’agriculture et l’élevage sont responsables d’au moins 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre anthropique[1] et sont en partie responsables de l’effondrement de la biodiversité, ils échappent en général aux réflexions sur une fiscalité écologique. Pourtant, une agriculture qui soit résiliente et qui soit un réservoir de carbone et de biodiversité est possible et doit donc être encouragée.

C’est tout l’objectif d’un système de bonus-malus[2] qui répondrait à quatre critères : les émissions de gaz à effet de serre – dont le méthane – ; l’incidence sur la biodiversité ; le bien-être animal ; le type de production végétale ou animale.

Ce système serait à mettre en place progressivement afin d’encourager les agriculteurs et éleveurs à changer leurs pratiques pour aller vers des pratiques plus écologiques, prenant en compte davantage le bien-être animal.

Les fonds récoltés par les malus permettraient de financer les bonus et de financer des formations pour accompagner les agriculteurs et éleveurs dans le changement de leurs pratiques, voire dans leur reconversion.

[1] FAO (2016). Élevage & Changements Climatiques. [pdf en ligne]

[2] France Stratégie (2019). Rapport : Faire de la politique agricole commune un levier de la transition agroécologique. [pdf en ligne]

Pour un abattage local et des normes plus strictes

En France, le nombre d’abattoirs de boucherie, qui avoisinait les 400 en 2003, a fortement diminué ces dernières années pour atteindre 286 en 2010, et 250 début 2019. On note ainsi une disparition de 37 % d’abattoirs en un peu plus de 15 ans.

Cette baisse s’est accompagnée d’une monopolisation par quatre grands groupes privés qui contrôlent 70% des abattoirs et d’un déséquilibre géographique marqué par une concentration dans le grand Ouest aux dépens d’autres régions désertifiées.

Aujourd’hui, de nombreux éleveurs situés dans les zones touchées par cette disparition ne trouvent plus d’abattoir pour faire abattre leurs animaux, en particulier lorsqu’ils ont choisi une commercialisation par les circuits courts – vente directe, magasin de producteurs, etc.

En outre, certains éleveurs n’ayant plus le choix de l’établissement d’abattage doivent se résoudre à faire parcourir de longues distances aux animaux et à les faire abattre dans des abattoirs dont ils réprouvent parfois les pratiques.

Face à ce constat, et faisant suite au projet de loi Alimentation[1] qui ouvre la voie à quatre ans d’expérimentation des abattoirs mobiles en France[2], l’AFAAD souhaite qu’un accompagnement financier public appuie le développement des projets d’abattoirs mobiles et/ou de proximité.

Si de nombreux éleveurs sont déjà mobilisés dans différentes régions – Loire-Atlantique, Normandie, Aude, Côte d’Or – afin de développer des systèmes d’abattage locaux – mobile ou non – l’apport de subventions publiques – départements, régions, chambres d’agriculture, UE – déterminera probablement leur capacité à exister.

En écho à cette mobilisation des éleveurs, on note que 82 %[3] des consommateurs français sont favorables à l’abattage sur le lieu de vie de l’animal, ce qui garantirait une meilleure prise en charge de la souffrance animale et une plus grande cohérence avec des modes d’élevages vertueux.

[1] Loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous.

[2] En 2018, l’article 73 de la loi Agriculture et Alimentation a ouvert la voie à une expérimentation de quatre ans des abattoirs mobiles en France : « À titre expérimental et pour une durée de quatre ans à compter de la publication du décret prévu au dernier alinéa du présent article, des dispositifs d’abattoirs mobiles sont expérimentés dans l’objectif d’identifier les éventuelles difficultés d’application de la réglementation européenne. L’expérimentation fait l’objet d’une évaluation, notamment de sa viabilité économique et de son impact sur le bien-être animal, dont les résultats sont transmis au Parlement au plus tard six mois avant son terme. Cette évaluation établit des recommandations d’évolution du droit de l’Union européenne ».

Legifrance (2018) [en ligne]

[3] Sondage Ifop – Fondation 30 Millions d’Amis (2019)

Une grande disparité existe entre les différents abattoirs, publics comme privés. Depuis une vingtaine d’années, de grandes difficultés sont rencontrées par les petits abattoirs ce qui explique en partie leur concentration et la disparition des abattoirs de proximité de petite dimension.

On constate que les exigences de mise aux normes des petits abattoirs – moins de 50 salariés – signent souvent pour ces derniers la fin de leur existence. Fonctionnant avec de faibles moyens, ayant du mal à assurer l’équilibre financier et s’inscrivant pourtant au cœur des territoires, les efforts d’investissements à consentir leur sont souvent fatals. C’est pourquoi, l’AFAAD souhaite que des subventions spécifiques soient attribuées à ces petits abattoirs afin de les accompagner dans leur modernisation – outils, matériels, nouvelles exigences – et stopper le processus de disparition des petits outils d’abattage.

Toujours dans ce souci de relocaliser l’abattage des animaux, tout en réduisant les facteurs de souffrance et de stress, l’AFAAD propose d’introduire dans la réglementation une limitation de la distance des transports des animaux vers l’abattoir à 400 km de leur lieu d’élevage. Cette mesure permettrait à la fois de réduire le recours aux abattoirs allemands[1] ou espagnols en favorisant le développement économique des territoires, de réduire le stress et les souffrances liés aux longs transports des animaux[2], tout en limitant les émissions de dioxyde de carbone générées par ces transports.

Le temps de trajet doit également être réduit. Un temps maximal de huit heures permettrait d’éviter des souffrances supplémentaires aux animaux partant à l’abattoir.

[1] Rapporté au kilogramme de porc, le prix de la main-d’œuvre s’élève à 0,05 € en Allemagne, 0,07 € en Espagne et 0,085 € en France. Source IFIP

[2] CIWF. Transports d’animaux vivants sur de longues distances, la réalité d’un commerce cruel. [pdf en ligne]

Il est avéré scientifiquement que les abattages sans étourdissements – sans insensibilisation préalable des animaux avant la saignée – pratiqués de manière dérogatoire dans le cadre de la production casher et halal sont source de grandes souffrances pour les animaux[1], en particulier pour les bovins[2]. Si, au cours de ces dernières années, un grand nombre des scandales révélés dans les abattoirs ont mis en avant des images de ces abattages sans étourdissements, les conséquences économiques de ces images ont impacté l’ensemble de la filière. Faire évoluer ces abattages rituels vers des pratiques plus respectueuses des animaux et acceptables par les cultes est donc un enjeu majeur pour l’avenir.

L’AFAAD propose de mettre en œuvre un dispositif pour accompagner les établissements volontaires pratiquant l’abattage des bovins sans étourdissement, qui permettrait de compenser les surcoûts liés à l’adaptation des infrastructures, l’acquisition de matériels et la formation du personnel, liés à l’adoption de l’insensibilisation systématique ou, a minima, de l’étourdissement de « soulagement » – post-jugulation[3] – compatible avec les exigences des rites musulmans et judaïques.

[1] Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (2015). Prise de position de l’Ordre des vétérinaires : « Tout animal abattu doit être privé de conscience d’une manière efficace, avant la saignée et pendant toute la durée de celle-ci. »

[2] Terlouw Claudia, Bourguet Cécile, Cohen-Tannugi Carole, Deiss Véronique (2011). Réactions de stress des bovins dans un abattoir industriel français : relations avec les procédures d’abattage et les caractéristiques des animaux

[3] CGAAER (2011). Rapport du conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux relatif à « la dérogation à l’étourdissement » lors de l’abattage des animaux

Pour rétablir la confiance des consommateurs

La filière viande fait face à une crise de confiance des consommateurs depuis la mise en lumière de défaillances des systèmes d’abattage en France. Cependant, les consommateurs ne possèdent pas d’éléments de différenciation pour orienter leurs achats en fonction du respect des règles de protection animale en abattoir, privant par ailleurs les acteurs économiques d’une possibilité de valorisation de leurs produits. Il est donc nécessaire d’apporter ces éléments aux consommateurs.

Dans ce sens, l’AFAAD recommande la mise en place d’un étiquetage « positif » obligatoire indiquant le lieu et la méthode d’abattage.

Environ 50 % des abattoirs de boucherie ont un agrément leur permettant de procéder à des abattages sans insensibilisation pour satisfaire la demande des communautés juives et musulmanes. Cet abattage sans étourdissement est accordé à titre dérogatoire et constitue de fait selon l’Ordre des Vétérinaires, une source de « grande souffrance pour l’animal ».

Or, de la viande issue de ces abattages est vendue dans le circuit de distribution conventionnel et dans la restauration, soit parce que certaines parties des animaux ne sont pas consommés par les communautés en question ; soit parce que la carcasse est rejetée par les certificateurs halal ou casher.

Le rapport d’information du Sénat n° 784 de 2013 remis par la mission commune d’information sur la filière viande, préconisait déjà : « […] un système de codes pour indiquer les différents types d’étourdissement et les cas dans lesquels il n’y a pas d’étourdissement, à l’instar de ce qui existe en matière de conditions d’élevage des poules pondeuses ».

Il pourrait prendre la forme d’un code 0 pour les viandes issues d’animaux abattus conventionnellement, et un code 1 pour les viandes issues d’animaux abattus sans étourdissement, en s’appuyant sur l’article 39 du règlement européen 1169/2011 prévoyant des mentions supplémentaires au nom de la protection du consommateur.

Sur le modèle des œufs coquille, en vigueur depuis 2004, ayant permis une véritable structuration du marché des œufs, cet étiquetage reposerait sur des exigences facilement vérifiables et contrôlables : accès extérieur, surface par animal, race sélectionnée, enrichissement du milieu, établissement d’abattage et méthode d’abattage, selon la filière concernée.

En étiquetant toutes les productions, qu’elles soient dites « standards » ou « alternatives », on met à disposition du consommateur une information « neutre », facilement compréhensible, qui donne, notamment, une indication sur le potentiel bien-être animal d’un type de production et fournit un outil de différentiation et de comparaison claire en magasin. Il s’agit ainsi d’un moyen adapté au marché, et non-contraignant, de soutenir l’amélioration de la condition animale dans les élevages et les abattoirs et de permettre un retour de la confiance chez les consommateurs.

Actuellement, la réglementation sur l’abattage ne contraint pas les établissements à s’équiper de système de contrôles vidéo. Toutefois, l’article 71[1] de la loi EGalim prévoit dans les abattoirs, à titre expérimental et sur la base du volontariat, pour une durée de deux ans, un dispositif de contrôle par vidéo des postes de saignée et de mise à mort, visant à évaluer l’efficacité des protocoles et l’application de la réglementation du bien-être animal. Ce dispositif réclamé par 85 % des Français[2] présente le double bénéfice de participer à l’augmentation de la qualité des abattoirs et au regain de confiance des consommateurs.

La possibilité de participer à cette expérimentation pour les petits abattoirs est relativement réduite dans la mesure où leur capacité financière ne leur permet pas toujours d’engager de tels investissements.

L’AFAAD souhaite qu’un soutien financier dédié puisse permettre à ces petits établissements d’abattage de mettre en place le contrôle vidéo dans les zones où l’animal est vivant.

[1] Loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous.

[2] Sondage Ifop – Fondation Brigitte Bardot – Droits des animaux (2016)

Pour une alimentation saine, écologique et inclusive

Nos régimes alimentaires ont une forte empreinte environnementale et d’importantes incidences sur notre état de santé. Pourtant, les recommandations nutritionnelles et conseils en la matière par les professionnels de santé prennent peu en compte ces aspects, avec des préconisations toujours importantes sur la viande, les œufs et le lait, qui vont à rebours des dernières évolutions internationales en la matière[1].

L’AVF propose de commencer par ne plus donner aux représentants des filières viande, lait et œufs, l’accès dont ils disposent aux instances définissant le Plan national nutrition santé (PNNS), mais aussi d’améliorer les formations initiales des diététiciens-nutritionnistes, des médecins, cuisiniers, etc. et offrir des formations continues pour les professionnels déjà en exercice et souvent démunis devant les évolutions sociétales récentes. Ces formations aborderaient les impacts négatifs – obésité, AVC, diabète – d’un régime trop riche en protéines animales, les nutriments présents dans l’alimentation végétale[2] – protéines, calcium, fer, vitamines, fibres, etc., – et les techniques de cuisine végétale.

Aussi, le rapport sur l’alimentation durable des Sénateurs Françoise Cartron et Jean-luc Fichet[3] recommande de renforcer les recommandations nutritionnelles relatives aux légumineuses dans le PNNS.

[1] Commission EAT-Lancet (2019. Une alimentation saine issue de production durable. [pdf en ligne]

[2] Association végétarienne de France, Documentation nutrition [en ligne]

[3] Françoise Cartron et Jean-Luc Fichet, (2020). Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France. Synthèse du rapport. Sénat.fr [en ligne]

La restauration collective représente 4 milliards de repas par an, elle a donc un impact déterminant sur ce qui est produit et consommé en France. D’après l’AVF, elle est également un lieu d’éducation et d’acculturation permettant de créer des habitudes durables en matière d’alimentation. 

L’alimentation des enfants joue un rôle primordial pour leur santé et leur bien-être. La qualité nutritionnelle des repas scolaires doit ainsi être maintenue, révisée et améliorée régulièrement, en accord avec les données scientifiques les plus récentes. Or, celles-ci ne cessent de pointer du doigt qu’il est urgent de végétaliser nos repas.

L’OMS souligne les nombreux risques[1] associés à la consommation de viande rouge et de viande transformée, tandis que le rapport de 2015[2] du Dietary Guideline Committee américain fait du régime végétarien l’un des régimes de référence pour se maintenir en bonne santé. De même, l’ANSES a actualisé en 2017[3] ses recommandations nutritionnelles et préconise à présent de renforcer la consommation de fruits, légumes et légumineuses tout en limitant la viande et le poisson.

De surcroît, les repas végétariens ou végétaliens sont tout à fait adaptés aux besoins des enfants et des adolescents, comme le précisent l’Académie de nutrition et de diététique des États-Unis[4], la Société Canadienne de Pédiatrie[5] ou encore les services de santé publique au Royaume-Uni[6].

Aussi, une réduction de la consommation de produits animaux aurait un impact positif sur l’environnement. L’élevage induit aujourd’hui au moins 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales et il est la première cause de déforestation.[7]

Enfin, l’option végétarienne a l’avantage de convenir à tous les enfants, quelle que soit leur appartenance religieuse, elle répond donc parfaitement aux principes de laïcité dans l’espace public. Elle constitue donc une substitution inclusive, durable et éthique aux menus carnés.

[1] OMS (2015) Cancérogénicité de la consommation de viande rouge et de viande transformée. [en ligne]

[2] USDA Scientific Report of the 2015 Dietary Guidelines Advisory Committee (2015) [pdf en ligne]

[3] ANSES. L’Anses actualise les repères de consommations alimentaires pour la population française. [en ligne]

[4]  National center for biotechnology information (2016). Position of the Academy of Nutrition and Dietetics: Vegetarian Diets. Pubmed.gov [en ligne]

[5] Société canadienne de pédiatrie (2018). Les régimes végétariens chez les enfants et les adolescents. [en ligne]

[6] National health service (2019). Vegetarian and vegan babies and children – Your pregnancy and baby guide. [en ligne]

[7] FAO ( 2013) Tackling climate change through livestock [pdf en ligne]