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Expérimentation animale

La recherche est un enjeu fondamental pour prévenir l’arrivée de prochaines crises sanitaires. Nous nous devons d’être à la hauteur de l’enjeu et nous donner les moyens d’explorer toutes les pistes que nous offre la science à l’heure actuelle. Or, jusqu’à présent, les méthodes substitutives à l’expérimentation animale n’ont bénéficié d’aucun soutien de l’État et pâtissent de procédés bureaucratiques qui freinent leur développement. Nous proposons ici non seulement de lever les barrières économiques et institutionnelles au développement de ces méthodes, mais aussi de les soutenir activement pour une science qui innove et se réinvente.

Pour une recherche plus éthique et innovante

Aujourd’hui, la recherche et le développement de ces innovations ne bénéficient d’aucune aide de l’État.[1]

Antidote Europe plaide pour l’augmentation de la part du budget du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation vers ce secteur.

L’association ADOCMU propose également la mise à disposition de tablettes dans les facultés de biologie sur lesquelles les étudiants pourraient pratiquer des dissections via des logiciels.[2] Ces outils numériques permettent de répéter une opération plusieurs fois et avec un plus grand nombre d’étudiants par matériel, évitant ainsi d’utiliser des milliers d’animaux tous les ans. Cette mesure pourrait s’inscrire dans le cadre de la stratégie numérique pour l’enseignement supérieur du Gouvernement.[3]

[1] François Busquet, La France doit investir les nouvelles approches, Libération, 26 mars 2018. [en ligne]

[2] ADOCMU. Méthodes de remplacement. [en ligne]

[3] Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Stratégie numérique pour l’enseignement supérieur. [en ligne]

La généralisation de ces technologies épargnerait la mort de millions d’animaux et donnerait un avantage à la recherche française, qui accumule du retard dans ce secteur.[1]

[1] François Busquet, ibid

Selon le comité scientifique Antidote Europe, l’adjectif « alternative » est trompeur. On imagine qu’une méthode dite « alternative » remplace une expérience sur un animal vivant. En réalité, la plupart – environ 80 % – des alternatives concernent la réduction et le raffinement, plutôt qu’un réel remplacement.

En ce qui concerne les méthodes de remplacement proprement dites, plusieurs utilisent des cellules ou des tissus d’origine animale. Il est donc essentiel de faire la distinction entre le remplacement relatif et le remplacement absolu. Par exemple, les cellules humaines en culture sont une forme de remplacement absolu.

En outre, les autorités ne posent aucune sanction pour non-application des méthodes alternatives déjà validées et acceptées par l’OCDE. Il faut appliquer plus strictement la directive de 2010 pour une pénalisation en cas de non-utilisation des méthodes substitutives existantes.

Le Centre européen pour la validation des méthodes alternatives (ECVAM) a validé une cinquantaine de méthodes « alternatives » depuis sa création en 1991, soit deux méthodes par an.

Le délai pour valider une méthode alternative peut être de 7 ans et coûter jusqu’à 1 million d’euros. Antidote Europe considère que le délai actuel décourage l’innovation.

Les méthodes dites « alternatives » doivent subir un processus rigoureux afin d’être homologuées – impliquant 3 laboratoires. Il est souvent plus facile pour un chercheur d’obtenir une autorisation pour expérimenter sur 100 souris que d’obtenir une autorisation pour expérimenter sur des déchets chirurgicaux humains destinés à l’incinération.

Les activités à but lucratif telles que l’hébergement d’animaux pour le compte de laboratoires, ou la vente de sang ou tissus animaux ne devraient pas faire partie des prérogatives de nos universités.

Ces activités commerciales favorisent le modèle animal au détriment d’autres modèles, ce qui pose un problème concurrentiel et met en doute la volonté d’investir dans de nouvelles méthodes de recherche.