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Animaux sauvages libres

La crise sanitaire que nous avons traversée trouve son origine dans la destruction des espaces naturels où vivent les animaux sauvages, poussant ces derniers à s’aventurer de manière toujours plus proche des humains. Or, en matière de protection de la faune sauvage, la France ne donne pas l’exemple et rend difficile sa subsistance globale, en particulier pour certaines espèces. Les propositions qui suivent visent à faciliter la cohabitation entre nous, nos modes de vie et les animaux sauvages.

Pour la cohabitation de l’agriculture avec la faune sauvage

AVES France demande de financer des moyens de protection des troupeaux, y compris hors des zones de présence permanentes des prédateurs et de conditionner les aides au pastoralisme à la mise en place effective de moyens de protection des troupeaux.

Il n’est pas normal que des éleveurs soient encore aujourd’hui laissés sans solution alors que le retour du loup en France date de 1992.

L’AOC demande également que des visites aléatoires puissent contrôler la mise en place de ces mesures de protection, mais aussi que l’autorisation de tir de défense simple – qui est une mesure létale -, ne soit accordée qu’en cas d’au moins une attaque du troupeau et non systématiquement à tous les éleveurs situés dans une zone à loups, ce qui revient à octroyer un plan de chasse pour une espèce protégée.

Enfin, l’AOC demande une présence d’observateurs indépendants pour chaque tir de défense rapproché.

Pour AVES France, le citoyen consommateur doit pouvoir encourager ou sanctionner certaines pratiques des agriculteurs en lien avec la préservation de l’environnement et de la biodiversité. Ce de manière à décourager des pratiques telles que la destruction des bouquetins du Bargy[1] à la demande des producteurs de reblochon, renouvelée chaque année et qui sacrifie des animaux sauvages protégés, contre l’avis du Conseil National de Protection de la Nature, au profit des animaux d’élevage.

Pour AVES France, un autre modèle est possible. Plusieurs pays ont décidé de créer des labels afin de promouvoir les activités touristiques, produits alimentaires et artisanaux dont le cahier des charges impose le respect de l’environnement et de la faune sauvage. L’association appelle à s’inspirer de ces exemples[2] pour inciter les professionnels, notamment les éleveurs et les agriculteurs, mais également les responsables d’établissements touristiques, artisans etc. à respecter l’environnement et à accepter les contraintes, en échange d’un label d’excellence et d’une campagne pour assurer la promotion de leurs produits aussi bien auprès des consommateurs français que des touristes.

[1] Francetvinfo (2020). Haute-Savoie : des bouquetins de nouveau abattus pour préserver le reblochon. 09/05/2020 [en ligne]

[2] Exemple du Label Bear Friendly en Slovénie et en Croatie [pdf]

Pour CVN et AVES France des incitations à la mise en place de méthodes non-létales pour protéger les parcelles sont nécessaires, afin de préserver les insectes, les oiseaux, la microfaune, qui fertilisent et aèrent les sols, et les micromammifères et prédateurs qui se nourrissent dans les cultures.

AVES France souligne la nécessité de modifier les modes de culture pour les rendre compatibles avec la présence d’oiseaux : les sillons doivent être ouverts plusieurs jours avant de planter, les graines doivent être plantées plus profondément, les plantations de maïs à proximité des bâtiments d’élevage évitées, et l’installation d’effaroucheurs – sonores, mobiles, etc. – doit être incitée, ainsi que la replantation de haies et le maintien de bandes enherbées d’au moins deux mètres entre les cultures et les haies.

L’agrainage doit également être interdit, car il favorise la prolifération de certaines espèces ne permettant pas de protéger les cultures sur le long terme.

Pour protéger la faune sauvage dans les espaces naturels

CACH rappelle que la chasse en enclos ne relève d’aucun principe de régulation d’une espèce à des fins écologiques de protection de l’environnement ou d’évitement des dégradations des cultures. Il s’agit d’animaux non-sauvages, élevés en enclos afin d’y être abattus par tout détenteur d’un permis de chasse, dans un espace auquel l’animal ne peut pas se soustraire.

Cette pratique implique de plus des conséquences environnementales liées au morcellement des espaces naturels et des risques sanitaires importants, comme le dénonce l’ASPAS[1].

[1] ASPAS (2020). « Stop à la chasse en enclos ! » [en ligne]

La chasse à la matole, qui piège l’oiseau dans une cage. La chasse à la tenderie, seulement autorisée dans une soixantaine de communes qui consiste à piéger les grives à l’aide de collets suspendus. La chasse à la tendelle qui est un dispositif qui écrase l’oiseau avec une pierre dite assommoir. La chasse à la glu, qui consiste à piéger des oiseaux avec de la colle. Le déterrage des blaireaux et des renards, ou vénerie souterraine, qui consiste à extraire l’animal de son terrier grâce à une pince métallique puis à l’achever à la dague ou au fusil.

Selon le député Loïc Dombreval, Président du groupe d’étude “Condition animale” à l’Assemblée nationale et initiateur d’une tribune co-signée par 62 parlementaires[1] pour l’interdiction des chasses traditionnelles : “ces modes de capture n’échappent à la qualification de braconnage qu’à titre dérogatoire sur une portion limitée du territoire français ou pour une espèce donnée. “

Sur le déterrage, les études internationales comme françaises n’ont aucunement démontré l’intérêt écologique ou sanitaire de cette chasse. Bien au contraire, les espèces concernées sont des protecteurs naturels contre la propagation de maladies ou de parasites.[2]

L’association CACH, comme l’ASPAS, dénonce la pratique et les méthodes cruelles utilisées dans la vénerie sous terre, qui ne relèvent d’aucune nécessité ou justification méthodologique selon elle, tant dans l’extraction du terrier que dans le traitement et le sort réservé à ces animaux – extraction avec des pinces, animaux déchiquetés par les chiens etc.

[1] Loïc Dombreval (2020) Tribune libre « La “France d’après” doit mettre un terme aux chasses traditionnelles ». La tribune de Loïc Dombreval et de 62 parlementaires. L’Opinion, 08/06/2020 [en ligne]

[2] ASPAS (2019). Gestion de la tuberculose bovine : les blaireaux ont bon dos ! Octobre 2019 [en ligne].

Pour Animal Cross, la création de parcs nationaux avec un environnement totalement protégé, c’est-à-dire sans chasse et sans intervention humaine, est intéressante d’un point de vue économique et de création d’emplois via le développement du tourisme vert.

Animal Cross suggère la création d’un Conservatoire des espaces continentaux, dont le but serait de conserver ou conquérir des espaces naturels par l’acquisition foncière, sur le modèle du Conservatoire du littoral dont l’objectif est de protéger 20 à 25 % du linéaire côtier en 2050. Le conservatoire du littoral bénéficie d’un budget annuel de 50 millions d’euros. En vue de créer 10 % d’aires protégées en protection forte – objectif donné par Emmanuel Macron en mai 2019 -, un budget équivalent permettrait d’acheter environ 10 000 hectares chaque année.

En 2018, on comptait 59 centres de faune sauvage pour 101 départements français.

Les centres de soins connaissent, notamment l’été, des pics d’activité importants et en augmentation chaque année. Certains centres sont sollicités chaque jour pour prendre en charge plus d’une cinquantaine d’oiseaux et de mammifères. Cependant, la prise en charge et les soins aux animaux sauvages, l’installation et l’adaptation de centres adaptés à leurs besoins représentent des coûts non-négligeables que ces centres ne peuvent pas toujours assurer seuls. 

Animal Cross demande, sur le modèle du financement des services fourrières pour les animaux de compagnie, l’allocation d’un budget annuel d’une valeur d’un euro par an et par habitant du département, qui serait accordé aux centres de soins pour la faune sauvage, au regard des services rendus en matière de maintien de la biodiversité locale. Le calcul de cette allocation annuelle devrait se faire à l’échelle départementale en lien avec les autorités en charge de la biodiversité sur le territoire. Cette mesure permettrait de faire face aux obligations prévues par la réglementation.

Animal Cros demande qu’outre le financement et le maintien des activités des centres actuels, soient financés des centres dans les départements qui en sont dépourvus.

Pour l’AOC, les soins aux animaux blessés par arme à feu devraient être pris en charge par la fédération de chasse du département dans lequel a été trouvé l’animal.

Pour protéger la faune sauvage marine

C’est Assez !, suivant les recommandations du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), demande l’adoption de mesures d’urgence pour empêcher les prises accessoires de dauphins et de marsouins lors des opérations de pêche.[1]

Pour le dauphin commun dans le golfe de Gascogne, les scientifiques du CIEM recommandent une combinaison de fermeture temporaire des pêches préoccupantes pendant les pics de mortalité – décembre à mars, juillet et août – et l’utilisation de pingers – répulsifs acoustiques – sur les chalutiers en dehors des périodes de fermeture.

Le CIEM recommande d’autre part, une combinaison de fermetures temporaires des pêches dans certaines zones et d’installation de pingers pour réduire les captures accidentelles de marsouins communs de la mer Baltique.[2]

[1] Laurent Radisson (2020). Dauphins tués : les scientifiques préconisent une fermeture temporaire de la pêche. actu-environnement.com, 28/05/2020, [en ligne

[2] Sciences et avenir (2020). Prises accidentelles de dauphins : des scientifiques recommandent de nouvelles mesures. 27/05/2020 [en ligne]

Le « whale-watching » consistant à amener des personnes au plus proche des cétacés vivants à l’état sauvage, se convertit parfois en une entreprise touristique de masse, impactant les populations de cétacés sauvages.

Pourtant, des solutions existent afin d’observer ces animaux sauvages sans les perturber. Afin de soutenir un écotourisme durable et respectueux des animaux, la création d’un label d’État basé sur un guide de bonnes pratiques et contrôlable devrait être établi et rendu obligatoire pour les entreprises réalisant des activités de tourisme en lien avec la biodiversité marine. Le non-respect de ces pratiques doit pouvoir être sanctionné.

C’est Assez ! demande la création de nouvelles aires marines protégées et l’extension des aires existantes en fonction des états de conservation des espèces.