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Séminaire international 2024 : CAP réunit 53 ONG à Paris

Les 7 et 8 mars 2024, Convergence Animaux Politique a réuni 53 ONG de protection animale à Paris, en provenance de 11 pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Italie, Pologne…) pour la première édition de l’International Conference for Animals in Politics (ICAP). 

Parmi les participants figuraient notamment les ONG Four Paws, Humane Society International / Europe, ProVeg, Anima International ou encore GAIA. Une vingtaine de personnalités politiques françaises étaient également présentes ou représentées à la soirée inaugurale, dont l’ancien ministre André Vallini, le sénateur Arnaud Bazin, la députée Anne-Laurence Petel, ainsi que des candidats aux élections européennes.

Une conférence inaugurale sur la gouvernance de la condition animale à travers l’Europe

La conférence inaugurale du jeudi 7 mars, consacrée à la gouvernance de la protection animale à travers l’Europe, a mis en perspective les différentes solutions adoptées par la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, pour intégrer la protection des animaux au cœur de leurs systèmes institutionnels. Une opportunité précieuse d’ouvrir les horizons et d’enrichir le débat en France et ailleurs.

La question de la gouvernance est cruciale pour la prise en compte des intérêts des animaux en politique : Comment ceux-ci peuvent-ils être portés le plus efficacement au sein des institutions ? Un ministère dédié, dont le portefeuille ne comporte pas d’intérêts antinomiques, est-il plus à même de défendre les animaux, ou est-il condamné à perdre les arbitrages face à ceux dont le poids politique sera toujours plus important ? Une autorité indépendante du gouvernement, telle qu’un défenseur des droits des animaux, aura-t-elle la capacité d’influer réellement sur celui-ci ? La constitutionnalisation de la protection des animaux est-elle une solution qui permettrait d’espérer des avancées concrètes et substantielles ? 

Dounia Tadli, représentante de la Ministre wallonne du bien-être animal, Céline Tellier, a partagé son retour d’expérience sur la mise en place de cette fonction en Belgique en 2014, source d’émulation positive entre les régions.

En résumé : Depuis 2014, la Belgique compte trois Ministres du bien-être animal, trois Conseils du bien-être animal et trois administrations régionales en charge de la thématique (Région Wallonne, Région Flamande et Région de Bruxelles-Capitale). Cette situation crée une émulation positive entre les régions, mais pose un défi de cohérence et de concertation entre les différentes instances. L’uniformisation des pratiques et législations à l’échelle européenne, par exemple à travers la désignation d’un Commissaire européen en charge du bien-être animal, constitue une perspective enthousiasmante. 

Joana Born, représentante de la première Commissaire fédérale allemande à la protection animale, Ariane Désirée Kari, nommée le 12 juin 2023, a souligné l’importance de ce nouveau mandat visant à faire progresser la condition animale au niveau national et au sein de l’Union européenne, dont l’indépendance est la principale force. 

En résumé : Ariane Désirée Kari, la première commissaire fédérale allemande à la protection animale, incarne depuis 2023 une nouvelle phase d’engagement envers le bien-être animal. Au cœur de sa mission se trouvent trois fonctions cruciales : faciliter le dialogue entre les parties prenantes, conseiller le ministre fédéral de l’Agriculture et de l’Alimentation et répondre aux préoccupations des citoyens. S’appuyant sur son parcours en médecine vétérinaire et en bien-être animal, son approche stratégique englobe des campagnes de communication innovantes, un plaidoyer législatif et une collaboration interdisciplinaire.

Martin Balluch, Président de VGT (Verein Gegen Tierfabriken) a présenté le processus politique ayant permis d’intégrer la protection animale dans la Constitution autrichienne en 2013.

En résumé : En 1996, les ONG de protection animale autrichiennes ont lancé une initiative citoyenne visant à inscrire la protection des animaux dans la Constitution. Malgré le succès de cette initiative, signée par 35 membres du Parlement et 8 % de la population, leur demande ne s’est pas concrétisée politiquement. En 2012, les ONG ont donc lancé une grande campagne de mobilisation collective, incluant des manifestations devant le Parlement, des conférences de presse et un symposium (congrès de spécialistes). Après un an de campagne intense, la protection des animaux a fait son entrée dans la Constitution. Cependant, afin d’en pondérer les effets, le gouvernement a également inscrit la production animale et la recherche (expérimentation animale) comme objectifs constitutionnels. Depuis dix ans, la Cour constitutionnelle s’appuie régulièrement sur cette nouvelle disposition. 

Geovani Ciconte, Spécialiste des relations institutionnelles de LAV (Lega Anti Vivisezione) a présenté le processus politique ayant mené à la constitutionnalisation de la protection animale et son impact révolutionnaire sur la législation italienne.  

En résumé : L’association LAV a été impliquée dans un processus complexe de révision constitutionnelle, aboutissant en 2022 à l’adoption d’un projet de loi introduisant la protection des animaux comme principe fondamental de la République. Cette modification souligne la nécessité d’aligner les activités économiques privées avec l’utilité sociale, la santé et les préoccupations environnementales, y compris le bien-être animal. Les efforts de LAV ont conduit à une transformation révolutionnaire : la législation actuelle doit être révisée à la lumière de cette réforme constitutionnelle.

Une journée de partage et de coopération entre ONG

Le vendredi 8 mars, les dirigeants et les responsables plaidoyer des ONG ont participé à une journée de conférences et d’ateliers de travail visant à échanger sur les stratégies politiques efficaces pour faire avancer la condition animale et favoriser l’émergence de nouveaux axes de coopération transnationale. Plusieurs ONG ont notamment partagé leurs retours d’expérience de campagnes politiques réussies afin d’en tirer des enseignements et bonnes pratiques à transposer dans d’autres pays. Les ateliers ont également permis aux représentants associatifs de se faire part de leurs difficultés respectives et de chercher ensemble des solutions, et de confronter leurs méthodologies quant à l’élaboration de campagnes à visées politiques.

Dans un contexte européen de plus en plus incertain pour la condition animale, cet événement inédit se veut initiateur d’une concertation et d’une coopération renforcées entre les ONG de protection animale, au-delà des frontières nationales et du seul échelon européen.