Après une année marquée par le Covid-19 et trois confinements successifs, CAP a rassemblé le 23 juin 2021 ses ONG partenaires et les parlementaires pour qu’ils puissent envisager ensemble de nouveaux moyens d’action politique en faveur des animaux. Cette neuvième rencontre portait sur la protection de la faune sauvage : un enjeu éthique, écologique et sanitaire, au cœur de l’actualité et de nos choix de société.
Six sujets ont été présentés par les intervenants autour de cette thématique : la régulation des populations d’animaux sauvages, la chasse en enclos, la protection des espaces naturels et des espèces, la cohabitation avec le loup, la chasse à courre et les chasses traditionnelles. Sept ONG ont partagé leur expertise de ces problématiques et leurs solutions, avant d’échanger avec les parlementaires présents sur ces questions.
La LFDA et Convention Vie Nature sont d’abord intervenues sur le sujet de la régulation. Elles ont mis en lumière la contradiction entre la pratique de l’élevage et du lâcher de gibier (qui représente 50% des 40 millions d’animaux tués par balle chaque année), et le premier motif de régulation invoqué (la surpopulation des animaux sauvages). Après avoir souligné l’absence de recensement par espèce actuellement, les ONG ont proposé d’autres moyens de régulation à développer si nécessaire : la réhabilitation des prédateurs, l’interdiction des lâchers, les corridors écologiques, la protection des cultures, le contrôle de la fertilité. La LFDA et Convention Vie Nature demandent la création d’une commission d’enquête parlementaire visant à évaluer les impacts de la chasse et l’efficacité des autres moyens de régulation proposés.
Révélée récemment au grand public par le reportage Sur Le Front, la pratique de la chasse en enclos a fait l’objet de la seconde intervention. L’ASPAS a rappelé qu’aucun contrôle de la réglementation établie pour la pratique de la chasse n’est effectué au sein des 1300 espaces clos privés concernés. 50 000 à 100 000 animaux, dont certains sont importés à cette fin, sont tués chaque année, sans interruption du calendrier du chasse. L’ASPAS demande l’adoption d’une loi visant à interdire la chasse en enclos.
Animal Cross a appelé au développement des zones de libre évolution, c’est-à-dire des espaces de nature sauvage laissés sans activité humaine, afin de protéger la biodiversité, faire face aux aléas climatiques et encourager l’écotourisme. L’objectif visé est de passer de 0,6% du territoire métropolitain totalement protégé actuellement, à 10% d’ici 2030.
La LFDA et AVES France ont ouvert la voie à une cohabitation apaisée avec les loups. Ils sont une centaine à être abattus chaque année sur les 580 loups vivant sur le territoire français. Régulateur de son milieu, ce prédateur s’attaque aux troupeaux quand ils sont mal protégés et quand les proies naturelles lui font défaut. AVES France et la LFDA demandent une meilleure protection des troupeaux et la limitation de la chasse dans les secteurs de présence du loup.
Puisque 86 % des Français sont opposés à la chasse à courre*, AVA France s’attache à expliquer les raisons de ce rejet. Témoins d’une pratique cruelle, dérangeant tout l’écosystème de la forêt et accidentogène pour ses usagers, les citoyens ruraux s’interposent régulièrement entre les chasseurs et les animaux traqués – qui ne sont pas les seuls à en faire les frais. Les animaux utilisés comme outils (chiens et chevaux) voient également leur vie mise en danger. Source de tensions sociales dans les villages et impliquant des intrusions dans des propriétés privées, la chasse à courre ne parvient plus à justifier de sa continuité. C’est pourquoi AVA France demande l’abolition de cette pratique archaïque.
Dans le même élan, les Français condamnent massivement les chasses traditionnelles**. Collage des oiseaux (capture à la glu), étranglement par un lacet (chasse à la tenderie), chute de pierre sur l’animal (pratique de la tendelle), déterrage des blaireaux et des renards (vénerie sous terre), chasse à la pante, à la matole ou à l’arc : la plupart de ces pratiques sont non sélectives et donc interdites par la législation européenne***. Elles font par ailleurs l’objet du même rejet par les citoyens et sont pourtant toujours autorisées sur le sol français. C’est pourquoi l’AOC demande l’application stricte des directives européennes et l’évolution de la législation française quant aux chasses traditionnelles.
* sondage IFOB/FBB 2021 ** sondage Ipsos 2018 *** directive 2009/147/CE et directive 92/43 dite habitats.
Lors du temps d’échange entre parlementaires et ONG, le Réseau des centres de soins de la faune sauvage a souligné que le développement des zones de libre évolution serait également un facteur de réduction du nombre d’animaux en détresse accueillis dans les centres de soins. En effet, 5 millions d’animaux sont blessés par balle chaque année et de nombreux problèmes liés à la perturbation des relations trophiques par les activités humaines pourraient ainsi être évités.
La neuvième rencontre CAP, soutenue par la Fondation Nature & Découvertes, s’est conclue par un petit déjeuner où parlementaires, collaborateurs et ONG ont poursuivi leurs échanges pour identifier de futurs leviers de collaboration. Parmi les 23 parlementaires et collaborateurs présents se trouvaient notamment Loïc Dombreval, Bénédicte Taurine, Hubert Julien-Laferrière, Florence Provendier, ou encore Isabelle Santiago.
Crédits photos @MichelPourny